LA FIN D'UN ROAD TRIP

L'Ontario est une province qui ne finit pas, avec des paysages charmants. De faire le tour du lac Supérieur, le plus grand et le dernier des Grands Lacs, c'est impressionnant. C'est vallonné et le lac est à perte de vue. De Sault Ste-Marie jusqu'à Thunder Bay, ce fut long et pénible. Il y a des écriteaux nous annonçant une station-service avec toilettes « ahead ». Quand nous arrivions au « a head », nous constations que c’était fermé depuis au moins quinze ans. On se tortillait sur notre siège en attendant la prochaine station-service... à 80 km! Morale de cette histoire : méfiez-vous des écriteaux en Ontario!

Pour notre dernière nuit dans cette province, nous avons logé dans un motel avec piscine intérieure, jacuzzi, sauna et gym. Quel plaisir de se relaxer et de discuter avec des locaux. J'ai posé mes nombreuses questions afin de comprendre pourquoi des gens décident de vivre au milieu de nulle part et surtout, de quoi peuvent-ils vivre. L’ouest de l’Ontario repose surtout sur l'industrie du bois. Les gens aiment beaucoup le plein air et les choses simples.

Au Manitoba, nous avons décidé de faire des femmes de nous et nous sommes allées magasiner à Winnipeg. Quelles femmes n'ont jamais rêvé un jour d'aller magasiner à Winnipeg? C'est un incontournable, n'est-ce pas? L'architecture y est intéressante et c'est relativement grand, comme métropole. Nous avons été choyées de faire la rencontre de la personne le plus négative de toute la province au dîner. C'est surprenant de voir parfois des gens avec beaucoup de richesses et de potentiel être autant défaitiste. Les Prairies, ce sont des champs en ligne droite.

Afin de rendre la province de la Saskatchewan plus intéressante, nous avons sorti le CD de la Compagnie créole. Vraiment charmant, la scène avec le sapin vanille et le Bal masqué. Ce qui se passe dans la voiture en Saskatchewan reste dans la voiture! Dernier segment : Saskatoon - Edmonton!! Résumons... 3 800 km plus tard, une vingtaine de cafés et deux arrestations par la police, les filles sont arrivées saines et sauves! Maryse n’a pas été longtemps avec Patrick. Elle s’est rendue compte que ce qu’il recherchait, en fait, c’était une « nanny » pour ses enfants, une femme de ménage, une cuisinière et une partenaire sexuelle. Son rêve de princesse a rapidement tourné au vinaigre.

Patrick avait aussi omis de dire qu’il faisait partie de l’Église de scientologique. Une grande omission, selon moi. Tous les jours, j’en apprenais davantage sur ce personnage qui devenait de moins en moins sympathique à mes yeux! Pendant les dix jours suivant mon retour, nous nous parlions quotidiennement et souvent en cachette. Puisqu’il payait pour tout, elle se sentait obligée à lui. Il a même fait disparaître sa recharge pour cellulaire. Tel un bon commandant d’armée, il avait compris que la meilleure façon de gagner une guerre ou de contrôler, c’est de couper les communications.

Dans quelle galère Maryse s’était-elle mise? Je lui avais proposé d’aller la chercher ou d'aller chez mon cousin. Chose qu’elle refusait. Elle était repartie seule en direction de son « chez elle ». Déjà que sa santé financière était fragile avant le départ, elle venait de s’enfoncer encore plus bas. Je me sentais navrée pour elle. Pendant le premier mois de son retour, elle venait manger chez moi deux fois par jour en plus des collations, qu’elle ne se gênait pas de prendre dans mon frigo. Je voulais l’aider à ma façon. Patrick lui devait beaucoup d’argent et le voyage avait coûté assez cher.

Elle n’avait plus de travail. Elle n’avait pas les fonds pour se payer le câble et Internet, donc elle venait chez moi. Elle avait ma clé et elle pouvait venir quand elle le voulait. C’était ma façon de l’aider. Chose dont elle ne s’était pas privé. Je la considérais vraiment comme une amie, je lui avais ouvert ma porte grande. Je lui avais aussi présenté tous mes amis. Le stress et une mauvaise alimentation l’ont conduite à l’hôpital à l'été. Sa mère et moi avons été les seules personnes à lui rendre visite. C’est tout dire sur la sincérité des gens qui l’entourent. J’étais allée lui chercher des vêtements chez elle et je lui avais acheté une belle robe pour sa sortie de l’hôpital. Elle devait mieux s’alimenter et avoir une meilleure gestion du stress.

Elle fut jalouse de savoir que je repartais en voyage... C’est à partir de ce moment qu’elle a commencé à être désagréable avec moi et qu’elle a commencé à salir ma réputation. « Nourrissez un cochon et il viendra chier sur votre perron. » On reconnait facilement la sincérité et la véracité d’une relation dans de telles circonstances. J’avais ouvert grand ma porte à Maryse en lui offrant une amitié, de l’aide et du dévouement… En guise de remerciement, elle avait parlé en mal de moi à beaucoup de gens. Elle avait essayé de détruire ma réputation professionnelle, que j’avais mis des années à bâtir, en disant des balivernes. J’avais même discuté avec mon conseiller juridique afin de voir les possibilités pour qu'elle cesse ses manigances machiavéliques.

Jamais je n’oublierai une certaine journée quand tout allait mal dans ma vie. J’étais triste et incapable de voir le soleil briller. Vous avez sûrement, vous aussi, vécu ce genre de journée... Je lui avais demandé gentiment d’arrêter de me persécuter, mais elle continuait. Elle semblait incapable de s'arrêter, elle en jubilait! Il y a une règle dans la vie qui dit qu’on ne frappe pas sur quelqu’un qui est déjà à terre. Ce soir-là, un ami est venu me voir afin de me remonter le moral. J’ai eu un grand lâché prise envers Maryse. Personne ne mérite nos larmes et celui qui pourrait les mériter ne nous fera sûrement jamais pleurer. C’était une amie du magasin du dollar. Ça ne vaut pas cher et on doute de la fiabilité!

Je lui avais malgré tout pardonné et en guise de remerciement, elle avait continué ses manigances néfastes. Avec toute la méchanceté qu’elle avait eue envers moi, peut-être avait-elle eu ce qu’elle méritait dans la vie. J'ai appris le pardon dans cette aventure. Il faut se pardonner beaucoup à soi-même pour s’habituer à pardonner à autrui. Souvent à être trop gentille et trop bonne, j’oubliais de me faire plaisir à moi-même d’abord. À ma grande déception, j’avais réalisé qu’elle avait une personnalité négative et explosive, sans trop de beauté intérieure. Quand les gens étaient vrais et bons pour elle, elle ne pouvait s'empêcher de faire des bassesses envers eux. Elle ne méritait pas mon amitié et surtout que je ne pouvais plus rien faire pour elle!

La plus belle des femmes donne ce qu’elle a et l’ami le plus dévoué se tait sur ce qu’il ignore. Je n’en veux pas à Maryse, car elle ne sait pas ce que c’est d’aimer et encore moins le fondement de l’amitié… Je lui souhaite qu’un jour elle puisse trouver le bonheur ainsi qu’un sens à sa vie! Naïvement, j’ai trop longtemps cru que l’homme était fondamentalement bien… il faut parfois savoir s’en méfier!