Mercredi, 19 février 2014

UN PARTY À 250 000$ POUR LE CASINO

par

J’ai vu les images à la télé. À lever le coeur. Tous les notables du Québec qui se sont payés tout une traite au coût d’un quart de million de dollars pour célébrer les rénovations du Casino de Montréal. Je voyais revivre la décadence de Rome.

 

Pauline Première était du nombre, se dandinant plus que jamais parmi des personnages sans doute venus du Cirque du Soleil, qui versaient du champagne à profusion dans les coupes. Rien de trop beau pour notre élite. Jamais il ne leur serait venu en tête de penser que la Province est plombée par un déficit titanesque. Non, le 21 novembre dernier, il ne fallait pas assombrir le goût de vivre de ces gens complètement déconnectés de la réalité.

Et même parmi nos gens du show-business qui sont rendus à courir les mondanités pour trouver de quoi boire et manger, ce que leurs cachets précaires ne leur assurent plus quotidiennement.

D’ailleurs, grattez-vous les méninges, à quand remonte la dernière chanson contestataire de notre système politique? Où sont nos Léo Ferrré, Brel et Brassens, qui savaient utiliser le mot con à bon escient? Avez-vous eu connaissance d’une chanson satyrique sur la corruption? Les humoristes oui, les chanteurs et comédiens non. Ils se la ferment car ils attendent tous leurs chèques de subventions de Pauline Première. Il ne faudrait tout de même pas la froisser. Le monde est petit, icitte.

On voyait Charest comme l’incarnation du pire, au sommet d’une pyramide de corruption dont il ne voyait rien. Eh bien avec le PQ c’est la fête à Saint-Dilon, avec des petits fours à profusion. On adore les mondanités. Dans les deux cas vous n’êtes pas invités à la fête. Ni enveloppes brunes, ni biscottes au faisan en mousse.

VOUS ALLEZ RECEVOIR LA FACTURE


Le Casino est moins rentable en raison des jeux en ligne qui se multiplient et qui ont l’avantage de permettre de ne pas nous geler le derrière quand il fait mauvais, autrement dit tout le temps. Donc on a mis des millions en rénovations avec des gadgets technos pour que les visiteurs écarquillent les yeux en venant au casino de l’Île Notre-Dame. Hélas pour les dirigeants de l’établissement, pour ce qui est des effets visuels, même les gamins en ont sur leurs jeux Playstation. Ça énerve plus grand monde.

Là ils se sont dit, faisons un grand événement médiatique pour attirer l’attention sur nous. Tout ce qu’ils ont réussi à faire, c’est d’attirer la colère des contribuables. Le journal 24 heures a titré hier « Party à 250 000$ aux frais de Loto-Québec ».  Oui? Et c’est qui Loto-Québec, sinon nous, les payeurs de taxes et les rêveurs « acheteux » de billets? C’est à nous qu’on va refiler l’ardoise, comme on l’a fait en augmentant le coût du billet de 6/49. Nos dirigeants nous ont offert le triste spectacle d’une bande de profiteurs qui se paient notre tronche à plein nez.

Comme on est au Québec on ne voyait pas, lors de cette soirée festive, des naïades aux seins nus déambulant sur les tapis. Mais c’est tout ce qui manquait pour que la décadence soit complète. Des petits fours, il y en avait à la tonne. On a estimé le coût du déboursé à 346$ par personne! De bien gros appétits. On les savaient voraces au plan fiscal, mais là… J’espère que certains ont pensé apporter des canapés pour les pauvres quêteux du Parc Émilie-Gamelin et mes chers Esquimaux du parc Atwater. Ç’aurait été si simple de leur balancer des petits sacs par la vitre baissée au tiers de la Lincoln continental. 

DES RETOMBÉES, MAIS OÙ?


Vous savez quoi? On est une gang de parvenus qui ne savent pas faire les choses en grand. Tout ce que le Casino de Montréal a obtenu de retombées, ce sont des quarts de pages dans nos quotidiens, surtout montréalais, qui ont commenté l’élément scandaleux de la fête. De vraies retombées, c’est quand vous invitez George Clooney, Glenn Close, Arielle Dombasle, Jean Dujardin, Charlize Theron et ainsi de suite. Là au moins People et Paris Match risquent de se déplacer. Mais d’un autre côté on est tellement provincial. Parce qu’il faut faire comme avec le Vegas d’antan, avec des pitounes sexy que tu laisses trainer près des bars et qui incitent à boire et à jouer. Oui, des entraîneuses. Avec qui tu peux finir au plumard si tu ajoutes une rallonge. Immoral, direz-vous?

Bien moins que le Casino qui invite des vieux avec leur dentier trop grand à venir en groupe en début d’après-midi et à qui ont donne dix dollars pour jouer, sachant qu’ils vont flamber le restant de leur chèque de fonds de pension dans les machines à sous. On a la moralité qu’on veut. Mais plus immoral encore, c’est le gouvernement du Québec, qui autorise une dépense aussi fastueuse en ces temps si durs. Excusez-moi je m’arrête ici, j’ai comme un reflux gastrique. Mes crottes au fromage, mon luxe, ne passent plus.

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DU PORTAIL DU GRAND MONTRÉAL LAMETROPOLE.COM

DU N’IMPORTE QUOI À LA COMMISSION CHARBONNEAU
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