COHABITER AVEC SON EX

 

Pour ceux qui ne sont pas au courant, je travaille chez Tim Hortons. Mon restaurant est à trente minutes de voiture chez moi l’été, lorsqu’il fait beau. Parfois, quand il fait mauvais, qu’il neige, ou peu importe, ça peut me prendre une heure me rendre à ma job. Et comme j’ai un horaire assez bipolaire combinant les jours, les soirs et les nuits, il peut arriver qu’il y ait des conflits d’horaire avec mes parents, qui agissent à titre de taxi pour que je puisse gagner des sous. Donc j’ai dû user d’imagination pour régler certains de ces conflits.

Je vole le divan d’un endroit très spécial… L’appart de mon ex… Vous savez, celui avec qui j’ai été en couple pendant deux ans? Ouais, celui-là. J’y suis en moyenne 2 à 3 jours par semaine. Sans farce, c’est beau si les gens qui habitent là ne m’ont pas encore demandé de loyer, ahah! Cohabiter avec son ex, c’est pratiquement être obligé de mettre l’effort nécessaire pour que le «on va rester des amis» qu’on s’est tous dit en se quittant ait vraiment lieu. C’est passer un long moment avec lui pour la première fois depuis que vous vous êtes laissé. C’est surveiller chacune de nos paroles pour être sûr de ne créer aucun malaise. C’est créer des malaises quand même.

C’est avoir le premier contact physique depuis trois mois, soit le «câlin qui est sensé marquer le début d’une amitié mais créera un froid pendant au moins deux heures.» C’est se rendre compte que quand c’est toi qui appelle sur son cellulaire, c’est la chanson Let Her Go de Passenger qui joue… C’est entendre ton ex chanter une après l’autre TOUTES les chansons que vous avez écoutées ensemble. C’est se demander : «Est-ce qu’il m’aime encore?» Ça, c’est le premier soir.



Les autres jours, c’est rentrer dans sa chambre, pour aucune raison, et se rendre compte que ton ex conserve une photo de toi sur son miroir. Miroir qui est à 30 centimètres de son lit. Donc, chaque fois qu’il se réveille, il te voit. C’est regarder autour de toi et constater qu’il a gardé et exposé dans sa chambre tous les petits trucs que tu lui as donnés. C’est se demander (encore) s’il a toujours des sentiments pour toi. C’est tourner autour du pot quand tu sens qu’il est grand temps d’avoir une discussion avec lui. C’est finalement trouver le courage de dire : «Faut qu’on s’parle.» C’est comprendre qu’il fait ça pour ne pas effacer les beaux souvenirs, parce que Dieu sait qu’il y en a. C’est ce dire qu’au fond, même si on veut vraiment fort, on ne pourra jamais faire comme si rien ne s’était passé. Parce que c’est vrai, on ne peut pas jeter deux ans par la fenêtre sans avoir un peu mal au cœur.

Cohabiter avec son ex, c’est aussi mille et un coups de poing sur l’épaule quand il fait une blague sur toi. C’est rencontrer de nouveaux gens et entendre : «Elle, c’est Sab, mon ex.» C’est rire à en pleurer quand il raconte tout croche une de vos histoires. C’est sourire quand il commence ses phrases par : « Tu te souviens quand…» C’est recréer une complicité assez spéciale quand il ressort des blagues que seule toi et lui comprenez. C’est comprendre à quel point il te connait bien, ce gars-là. C’est finalement arrêter de tout remettre sur sa faute. C’est comprendre que si on n'est plus ensemble, ce n’est pas plus à cause de lui qu’à cause de toi. 



Cinq mois et demi que nous ne sommes plus ensemble, et aujourd’hui, je me rends compte d’une chose. Ce n’est la faute de personne. Même si c’est moi qui est partie la première, même si j’ai choisi son indépendance comme raison, finalement, c’est juste la faute du destin. En fait, c’est GRÂCE au destin. De cette relation, j’ai retiré assez d’estime de moi-même pour me lancer dans mes projets. De cette relation, il a tiré des leçons et sait maintenant quoi faire et ne pas faire avec la prochaine personne. Nous avons tous les deux vieillit en faisant un bout de chemin ensemble. Si aujourd’hui nous ne sommes plus ensemble, c’est parce que cette histoire était destinée à avoir une fin. Une fin qui mènera au début de quelque chose de probablement encore plus beau.

Lui et moi, on est en train d’apprendre à se côtoyer dans le plus grand des respects. On apprend à troquer nos vieilles habitudes pour en prendre de meilleures. On apprend à me plus s’en vouloir pour des choses qui sont terminées depuis longtemps. On recycle l’amour qu’on s’est donné pendant deux ans : c’est de l’amitié. Et sincèrement, la plus belle que je pouvais avoir.

Merci d’encore de faire partie de ma vie. Je te dois plusieurs fous rires et plusieurs moments incroyables. Je continuerai du mieux que je peux à te les rendre.

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SABRINA BILLARD, AUTEURE

LA SOCIÉTÉ MAGIQUE FUTUR

POURQUOI JE RETOURNERAI AUX CADETS?