DE LÉA LA SCHTROUMPFETTE À NELLY LA PUTAIN

 

Je marche sur des œufs, je le sais, mais sans en briser quelques-uns, je ne pourrais pas faire d’omelette alors, je me lance. Après avoir écouté Léa Clermont-Dion en entrevue et avoir visionné la première partie du documentaire Beauté Fatale, mon esprit jouait au ping-pong, m’envoyant sans cesse des opinions contraires. Léa dénonce les compagnies qui incitent les femmes à vouloir atteindre un idéal de beauté presque inatteignable: ultramince, séduisante, etc.

Ce qui m’a décidé à écrire ce blog, c’est la pensée du jour de Richard Martineau : « Léa Clermont-Dion qui dénonce la dictature de la beauté, c’est comme Bill Gates qui dénonce le capitalisme... » Selon Martineau, Léa ne devrait pas dénoncer le culte de la beauté, puisqu’elle est très jolie. Cette logique, ce n’est pas la première fois qu’un agitateur comme Martineau nous la sert. Un obèse ne peut pas traiter de malbouffe, c’est ça? Les anciens junkies ne font plus de témoignages dans les écoles, etc.  

Souvenez-vous du passage de Nelly Arcand à l’émission Tout le Monde en Parle. Arcand avouait être obsédé par son apparence physique et l’effet qu’elle provoquait chez les hommes, tout en dénonçant les femmes « schtroumpfettes », pour reprendre son expression.

Guy A. Lepage et ses invités ne s’étaient pas gênés pour souligner l’habillement très séduisant de l’auteur: « Faites ce que j’écris et non ce que je fais, n’est-ce pas Nelly? », ironisaient l’animateur et son fou du roi. Tous, la foule y compris, se trouvaient sur la même longueur d’onde: quand tu dénonces le culte de la beauté, tu ne peux pas t’habiller de manière séduisante ou même, être moindrement provocatrice. Avec Léa, dimanche soir, l’opinion du plateau s’était transformée.

On enseigne le mieux... ce qu’on a le plus besoin d’apprendre!

Pour moi, cette phrase veut tout dire. Léa traite d’un sujet qui la touchait personnellement (anorexique à 10 ans) et qui, elle le dit elle-même, l’accable toujours.

Ça me fait penser que lorsque je traite de la consommation dans mes blogs, je me fais remettre sous le nez que j’ai eu et aurai toujours des problèmes de conso-compensation. Nous voyons d’abord les choses par rapport à nous-mêmes, tous égocentriques, car humain. Oui, il existe une corrélation entre nos problèmes personnels et les causes que l’on choisit de défendre et cette corrélation, pour moi, fait toute la différence dans la réception de notre message. Combien de fois me suis-je fait dire par des intervenants après une conférence: «  On parle d’intimidation, mais ça n’a pas le même impact, car toi, tu l’as vécue. »

Pourtant (les roches vont arriver, je le sens), il y avait de nombreuses critiques à faire sur l’approche de Léa, autre que le fait qu’elle soit jolie. J’ai eu l’impression que le documentaire contournait le problème au lieu de viser en plein dans le mille. Il en fera peut-être réfléchir certain(e)s, mais il n’a rien de révolutionnaire. Encore une fois, on frappe seulement la façade. C’est de la faute à Barbie, aux compagnies cosmétiques, aux publicités; finalement, ce sont eux les méchants. Ce sont eux les responsables, ces entités morales et non, nous, entités physiques.  

Ah oui? Et l’éducation parentale dans tout ça? Le rôle des parents ne serait-il pas justement d’accompagner leurs enfants dans ce qu’ils voient à la télé et dans les magazines? En rejetant la faute sur Barbie, il m’apparaît à moi que de nouveau, nous nous déresponsabilisons.

Soit belle et aime-toi, voilà le message que plusieurs retiennent du documentaire. Être belle pour qui? Être belle selon quels critères? Je sais, on me répondra: « Il faut se trouver belle pour soi-même selon ses propres critères. » Si c’est ce que l’on souhaitait dire, il faut admettre que l’on parle d’estime de soi et non de beauté. Sinon, tous ceux qui sont « laids » ne pourraient jamais être bien dans leur peau, right?

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DU PORTAIL DU GRAND MONTRÉAL LaMétropole.com

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